"La Compagnie OCUS réside et vit à Sain-Germain-sur-Ille, c'est sa raison d'exister et sa maniére d'être là, la plus évidente. Elle jouit ici d'un luxe non négligeable, dont elle a conscience pleinement et dont elle profite sans limite. Elle respire et créé dans ce lieu, sans entrave ni contrainte et tente au maximum d'en faire profiter le public local de manière simple et expérimentale.

C'est donc une chance considérable de travailler en ces lieux, d'être et de créer sur cette terre d'accueil, sans échange marchand ni compte à rendre car c'est sur une base de confiance mutuelle qu'est établie la convention. Un privilège donc, dans ce monde où tout se monnaye et où la culture s'épuise dans la rentabilité qu'on lui éxige et qu'elle ne saura jamais, du moins dans les chiffres, prouver. 

Un espace, autant spatial que temporel, que l'on a à coeur de partager et qui foisonne du coup car jamais il ne se vide. C'est au petit bonheur la chance des agendas que s'arrange les plannings gargantuesques de l'occupation des chéris locaux. Car puisque c'est gratuit on ne choisit pas ce qu'il s'y passe, on ne jauge pas de vidéos, on ne triture pas de dossiers. Ce sont les artistes qui choisissent de venir avancer ici avec leur propre moyen, leurs envies, abouties où non. Ils viennent partager un bout de vie, d'abord avec les habitants du lieu, puis  avec son âme qu'ils participent à forger, et puis le public qui vient se heurter aux formes biscornues et pas finies les plus variées. C'est un laboratoire ou ce qui est  crée n'a pas de prix, c'est d'ailleurs le public qui le fixe.

C'est un air de fête aussi qui se dégage lorsqu'on ouvre grand les portes du Dancing, un air de gavotte ou de tango, de rock et de cumbia. Car il est là ce parquet et bien là pour que l'on y danse. Une fois débarrassé de ses sobres gradins de théâtre et de son écran de cinéma, il revient à ses origines.  Il vibre sous les initiatives dandinantes des associations locales où plus où moins, car on vient de loin pour enflammer cette piste de danse et l'on se décarcasse pour rentrer joyeusement dans ses frais. 

Et quand la fête est finie, que l'on a démonté les décors et les fanions, il reste ceux qui vivent là et ceux qui vont bientôt partir, ceux qui font que passer et ceux qui restent un peu. La caravane derrière le camion vrombissant et la roulotte devant les chevaux paissant, la caravane de celui qui est parti à pied et le vélo du voisin qui vient prendre l'apéro."

Camille Cervera, régisseur et habitant du lieu de fabrique.